Boursier.com - 30/04/2015 "Malgre l'environnement catastrophique en Ukraine, nous avons stabilise notre Tresorerie"

29 avril 2015

Boursier.com : Que doit-on retenir de la publication annuelle d'Agrogeneration ? L'EBITDA, supérieur à 20 ME, qui témoigne de la résistance opérationnelle de la société ou la perte nette de -21,67 ME, conséquence de la crise ukrainienne... ?

P.D. : La dévaluation de la monnaie ukrainienne, la Hryvnia a fortement pesé sur le résultat financier. En l'occurrence pour 27,2 ME sur l'ensemble des dettes du groupe contractées en dollars. En réalité, les pertes de changes " cash " s'élèvent à 12,3 ME. Et le reste, environ 15 ME, sont des pertes de changes latentes, sans impact sur la trésorerie. Au total, malgré l'environnement catastrophique, nous avons stabilisé notre Trésorerie. L'EBITDA couvre les pertes de changes et le coût de la dette, qui lui est de 8,8 ME.

Boursier.com : L'émission récente de l'OSRANE suffit-elle à repousser une crise de la dette ?

P.D. : La dette d'Agrogeneration était effectivement trop importante, à 71 ME au 31 décembre 2014, avec un pic à plus de 90 ME en juin 2014. Cette émission obligataire, qui a été un succès, a permis de rétablir certains équilibre. La Trésorerie de 51 ME en 2013 et qui est tombé à moins de 6 ME fin 2014, remonte à 51 ME grâce à l'OSRANE. La dette est divisée par deux, tombant à 36 ME. Agrogeneration dispose désormais d'un endettement soutenable. C'est un sujet de satisfaction qui nous place en position de force, dans le contexte de crise en Ukraine où les liquidités se sont raréfiées.

Boursier.com : Il a tout de même fallu passer par un plan de sauvegarde financière...

P.D. : Nous sommes sortis du plan de sauvegarde accéléré. La décision était purement technique : il nous permettait d'obtenir la conversion des obligations publiques en OSRANE. Nous avons pu forcer la conversion grâce à cette modalité. Mais la sortie du plan de sauvegarde a aussi été rendue possible par notre performance opérationnelle. La situation de la société ne réclamait pas une période plus longue.

Boursier.com : Peut-on avoir une idée des conséquences du conflit en Ukraine sur votre exploitation?

P.D. : Nous n'avons subi aucun impact en direct : à aucun moment nos terres n'ont été concernées par le conflit. Seulement 3% du territoire est ravagé et est toujours en guerre. Par contre, nous avons été indirectement touchés, par la crise économique du pays. La dévaluation de la Hryvnia a pesé dans nos comptes comme nous l'avons évoqué. Il fallait 8 Hryvnia pour 1 Dollar en décembre 2013. Il en faut 24 aujourd'hui. Certes, cela a eu un effet positif de 10 ME sur nos coûts... Mais la perte de change "cash" a dépassé 12 ME. Ce qui est pénalisant, c'est surtout l'absence de liquidités. Les réserves de liquidités du Pays sont telles que le FMI a dû venir en aide. Le financement est donc très compliqué. Heureusement, nos résultats opérationnels sont bons.

Boursier.com : Que pouvez-vous indiquer aux investisseurs en guise de perspectives ?

P.D. : Nous pensons être en mesure de maintenir l'EBITDA autour de ce niveau de 20 ME, alors que la restructuration financière va desserrer l'étreinte de la dette. Si la situation se maintient en Ukraine et sans nouvelle chute de la monnaie, il n'y a pas de raison que la monnaie se dévalue encore plus. Le seul élément défavorable actuellement concerne l'évolution des prix mondiaux des céréales qui continuent à baisser. Mais notre diversification et la progression à 108.000 hectares ensemencés contre 103.000 l'an passé, sont des éléments favorables pour que la croissance redémarre.

 

http://www.boursier.com/actions/actualites/interviews/pierre-danon-vice-president-du-conseil-d-administration-d-agrogeneration-3994.html